Ancien bâtiment militaire appartenant à la ville de New Taipei City 新北市, l’Open Living Lab (樂活共生實驗基地) a été ouvert il y a moins d’un an. Le principe est simple : offrir un lieu support d’activités diverses (culturelles, associatives, sportives…) et tenter d’insuffler un esprit de communauté dans le voisinage. Nous avons eu la chance d’être invités à visiter cet endroit par ses responsables. Ce fût l’occasion d’en apprendre plus sur son fonctionnement atypique et de discuter des premiers retours des habitants.
D’un espace militaire fermé au public à une démarche communautaire
A l’heure actuelle, seul le rez-de-chaussée et les espaces extérieurs sont occupés et rénovés. Adieu les murs et les gardes à l’entrée du site, l’espace est aujourd’hui grand ouvert pour accueillir les habitants du quartier de Yonghe 永和區. Le quartier est connu pour être l’un des plus denses au monde, avec plus de 40 000 habitants au km². Pourtant, l’atmosphère de l’Open Living Lab est très familiale et détendue.
Ouvert à la fin de l’été 2017, le projet de rénovation du lieu a été lancé par la ville de New Taipei City plusieurs mois auparavant. L’équipe de Collaborative O s’est proposée pour gérer le site avec comme objectif d’en faire un lieu accessible à tous. Plusieurs salles ont été aménagées, à savoir divers espaces d’expérimentations ou de créations, un espace multifonction servant de lieu d’exposition ou de création, une salle réservé à des ateliers de cuisine ou de salle à manger, une salle de jeu ou encore un lieu de détente.
L’organisation des activités repose sur un principe simple : elles doivent être ouvertes à tout le monde, gratuites, et favoriser les échanges entre participants. N’importe qui peut proposer son idée. Il suffit pour cela de remplir un formulaire en ligne, de décrire son projet et de réserver l’un des créneaux d’ouverture.
Depuis septembre 2017, de nombreuses activités se sont déroulées dans les murs de l’Open Living Lab, tels que des ateliers créatifs, des ateliers de cuisine, des cessions musicales, des événements pour enfants ou encore de différentes projections ou rencontres. Un point d’orgue est laissé au droit à l’expression, notamment des enfants qui apprécient particulièrement de remplir les espaces extérieurs de dessins à la craie.
Financements publics, management privé et activités portées par les bénévoles
Le projet est tout d’abord intéressant car il est d’initiative publique. C’est la ville de New Taipei qui a porté le projet. Elle est propriétaire des murs et finance les travaux ainsi que les coûts de gestion du site. Par ailleurs, le choix de conserver et d’utiliser le bâtiment est intéressant ne serait-ce que d’un point de vu patrimonial.
La gestion temporaire du lieu a été confié à l’entreprise qui a imaginé le modèle de fonctionnement. Deux membres de Collaborative O assurent une présence sur place aux heures d’ouverture ainsi que la gestion courante. Elles s’occupent de l’organisation des différentes activités dans le temps. De surcroît, la démarche étant expérimentale et innovante, elles suivent de près l’évolution du lieu. Elles réalisent diverses études dans une logique de recherche-action.
Enfin, la participation de bénévoles est centrale dans le projet. C’est d’ailleurs ce qui caractérise le plus le lieu et qui le différencie avec des projets intégrants des entreprises, professionnels ou artistes rémunérés sur des fonds publics ou privés. Il est possible de distinguer deux catégories de volontaires. D’une part les participants et organisateurs ponctuels d’ateliers ou d’événements. D’autres parts, six collectifs qui investissent divers champs de recherche ou de création. Leurs centres d’intérêts sont variés : confection de meubles en palette de chantier, production artistique, confection de capteurs de qualité de l’air…
Expérimentation architecturale, logement social et réflexions sur le développement local
L’occupation du rez-de-chaussée réservée à des activités communautaires n’est pour l’instant prévu que pour une durée totale de deux ans. Il n’est pas encore possible de savoir si cette période sera prolongée mais les retours semblent pour l’instant très positifs. D’après les gérants du lieu, les voisins ont facilement accepté le projet et la participation des habitants est élevée.
Point important, les étages supérieurs du bâtiment sont voués à accueillir des logements sociaux. Les pouvoirs publics de plusieurs grandes villes taïwanaises ont récemment lancé des politiques de constructions de logements sociaux. Cependant, l’acceptation de tels projets n’est pas toujours simple. Rappelons à titre d’information que la part des logements sociaux en 2016 à Taïwan représentait 0,1% du parc total de logement. En comparaison, le Pays-Bas sont à 34% et la France a un peu moins de 20%.
L’Open Living Lab devrait ainsi faciliter la réalisation des logements sociaux par ses actions de médiation. Un espace de réflexion réservé à l’aménagement des futurs logements et du bâtiment a été réalisé. Cet espace de discussion et d’expérimentation permet de réfléchir et de récolter concrètement les avis et futurs besoins des usagers du quartier. De surcroît, les réflexions ne se sont pas cantonnées pas au bâtiment. Des réflexions sur la qualité urbaine du quartier ont émergé, notamment en ce qui concerne les espaces publics.
Une initiative inspirante ?
Le fonctionnement de ce projet commence à intéresser au delà des frontières de New Taipei City. Par exemple, les villes de Taoyuan ou encore Hsinchu s’intéressent au modèle de développement de l’Open Living Lab. Il sera intéressant de voir d’autres lieux de ce genre ouvrir à Taïwan, que ce soit sous l’impulsion des pouvoirs publics ou d’initiatives privés. Mais surtout de questionner les différents modèles de financement et de gestion qui seront choisis.
Les liens :
- Open living lab sur FB
- Le lien direct vers leurs événements
Une réflexion au sujet de « Open Living Lab : Une maison communautaire à Yonghe »